- PANINI
- PANINIP ユini, dont on situe l’activité au VIe ou au Ve siècle avant J.-C., est l’auteur d’un traité remarquablement systématique sur la langue sanskrite de son temps. Cet ouvrage se distingue par la profondeur des concepts linguistiques fondamentaux, par l’exactitude et la précision de l’analyse du sanskrit et par la rigueur de la présentation. L’effort de formalisation dans la description est si poussé que l’on peut parler d’une véritable métalangue organisée sur un matériel abondant de termes techniques, d’abréviations, de symboles, de conventions d’énoncé, de règles d’interprétation, etc. Le sanskrit s’est trouvé arrêté dans son évolution vers l’époque même de P ユini. La langue changeant fort peu, la grammaire de P ユini a pu rester un ouvrage de référence fondamental pendant toute l’histoire ultérieure de l’Inde. Elle est encore en usage aujourd’hui. Son importance dans la civilisation indienne est encore accrue par le fait que son caractère raisonné et systématique en a fait un modèle littéraire et intellectuel.Date et lieu d’origineLes historiens n’ont pas encore pu, avec suffisamment de certitude, situer P ユini dans le temps et dans l’espace. Il est vraisemblable qu’il a vécu au VIe ou au Ve siècle avant J.-C. Comme on place le commentateur K ty yana vers 250 avant J.-C., P ユini est donc antérieur à cette date. On s’accorde, d’autre part, à considérer qu’il décrit un sanskrit classique d’une époque proche des derniers textes dits védiques, upani ルad et s tra , que l’on situe, sans grande certitude d’ailleurs, vers le VIe siècle.P ユini est appelé, dans des documents postérieurs à lui de quelque dix siècles, « え latur 稜ya (originaire de えal tura)». C’est là un toponyme connu de l’ancien Gandh ra (nord-ouest de l’Inde) – le So-lo-tu-lo visité par le pèlerin chinois Hsüan Tsang (602-664), qui dit y avoir vu une statue du grammairien –, de nos jours Lah r (un peu au nord du confluent de l’Indus et de la rivière de K bul, actuellement au Pakistan). Il est vraisemblable que P ユini est originaire de l’extrême nord-ouest de l’Inde, du fait que la plupart des mentions géographiques qui apparaissent dans sa grammaire correspondent à cette région. À l’époque, celle-ci était une satrapie de l’empire perse. Mais il n’y a pas de trace d’un tel environnement politique dans l’œuvre du grammairien sanskrit.L’œuvreLa grammaire de P ユini, appelée couramment A ルレ dhy y 稜 («les huit leçons»), est un ensemble de près de quatre mille formules appelées s tra et réparties dans huit chapitres, eux-mêmes divisés en quatre parties. Ce texte est accompagné d’appendices dont l’authenticité est plus ou moins discutée. Un appendice initial est l’alphabet, dont une légende veut qu’il soit fait des sons du tambourin dont le dieu えiva «roi des danseurs» accompagne sa danse cosmique, et qu’il ait été donné par révélation à P ユini, d’où son nom de えivas tra ou M he ごvaras tra .Deux appendices terminaux sont faits, l’un de listes de mots qu’un trait grammatical particulier classe ensemble, l’autre de dix listes de racines, listes auxquelles, dans la grammaire, renvoient des abréviations et qui, au nombre de près de deux mille, comportent, outre l’énoncé de la forme et des indications sur la conjugaison, une mention du sens. La mention des sens ne serait peut-être pas paninéenne. Un autre appendice est un court recueil de règles d’interprétation destinées à définir des conventions de la métalangue ou des conventions d’application de règles.D’autres textes sont nécessairement associés à l’A ルレ dhy y 稜 dans la tradition indienne, sans être toujours attribués à P ユini. Les U ユ dis tra sont des règles de dérivation primaire, parfois attribuées à え ka レ yana. Les Phi レs tra attribués à S ntanava sont des règles d’accentuation. Le Li face="EU Updot" 臘g nus sana est un recueil de règles sur le genre. La えik ル est une description phonétique.Ce corpus de textes forme un tout dont la constitution définitive est fort ancienne, antérieure au commentateur K ty yana (IIIe siècle av. J.-C.). Il est reconnu comme donnant une description très poussée du sanskrit classique et même védique. Il a servi d’instrument d’enseignement dans les écoles, de base de spéculation linguistique et même logique ou métaphysique. Fait de formules d’une brièveté extrême, il reste très court (un volume de cent pages environ) et est aisément mémorisable.Le sanskrit décrit par P size=5 size=5ユiniP ユini a décrit la langue parlée de son temps. Il ne note pas de différence majeure entre langue parlée et langue écrite, tout au plus les particularités de la langue des parties métriques du veda , sans toutefois supposer une différence dans les états de la langue à travers le temps. Le sanskrit a évolué considérablement de l’époque védique à l’époque dite classique. Il y a une étape intermédiaire qui est représentée par les derniers textes, br hma ユa, upani ルad, s tra du corpus védique et le début du sanskrit classique. Le sanskrit de P ユini semble être ce niveau intermédiaire. La description chez lui de formes védiques anciennes n’implique pas de sa part une intention de description historique. Il les mentionne sans les dire archaïques. Il décrit la langue qu’il parle et les formes divergentes qu’il trouve dans les textes qu’il utilise.L’aspect formel de la descriptionDu point de vue formel, l’on peut définir l’A ルレ dhy y 稜 comme un formulaire algébrique, qui vise à fournir un texte facile à mémoriser, donc un mode d’expression très court, et permet de disposer de règles pour former les mots de l’usage, donc une formalisation rigoureuse. Cette dernière est très poussée et l’on a, dans cette grammaire, le plus ancien exemple de métalangue et l’un des plus riches.Le vocabulaire grammatical est formé d’abord de mots déjà existants, dont on définit une nouvelle acception en grammaire. Ensuite des mots entièrement artificiels sont créés: par exemple, la base placée devant un suffixe à initiale vocalique ou y est appelée «bha», etc. Il y a de nombreuses abréviations. Un jeu de lettres symboliques permet de montrer les propriétés de formes citées: par exemple, le suffixe d’adjectif verbal ta est appelé «kta» avec un k symbolique indiquant que, devant ce suffixe, la racine est au degré zéro. Une forme théorique unique est donnée à un groupe d’éléments qui forment une classe: l représente toutes les désinences du verbe; suivi d’une voyelle, la, li , etc., l indique le temps, présent, parfait, etc. Suivi encore de レ ou face="EU Updot" 臘, l indique l’emploi de telle ou telle série de désinences: la レ est ainsi le représentant des désinences primaires du présent actif, ti, tas etc. P ユini détourne même quelques désinences nominales de leur usage courant: la désinence d’ablatif signifie «après telle forme, telle opération a lieu»; celle de locatif signifie «devant telle forme», etc. Il admet dans les s tra la possibilité de sous-entendre beaucoup plus de termes qu’il n’est possible dans l’usage courant. Les termes sous-entendus sont ceux qui peuvent être impliqués par le sens, le contexte, ou qui sont par convention reconduits de formules antérieures. L’ordre des règles a donc une signification, d’autant plus que leur place dans le traité détermine aussi, selon des conventions définies, l’ordre de leur application dans la construction des mots.Le modèle grammatical paninéenLes formules de P ユini sont des règles de construction des mots, non d’analyse. L’analyse des mots en racine, suffixe, etc. est impliquée par l’A ルレ dhy y 稜 et l’on voit qu’elle a été faite par P ユini de façon tout à fait rationnelle, avec aussi beaucoup de finesse, comme en témoignent les notations de détail. Mais ce manuel n’est pas la description analytique d’un corpus de formes attestées. Il décrit la compétence des éléments de la langue et vise à fournir un instrument permettant à l’utilisateur de construire toute forme.P ユini utilise en gros deux schémas de construction des mots. Pour la dérivation primaire, il part de la racine, élément exprimant une action, à quoi il ajoute des suffixes dont il définit le sens, telle ou telle rection avec l’action, et qui déterminent le cas échéant l’application de règles phonétiques. Pour la dérivation secondaire et la composition qui sont couramment groupées sous la dénomination de v リtti , P ユini part d’une forme analytique, un syntagme formé de noms tous fléchis, pour lequel il prescrit une transformation en une base non fléchie suivie d’un suffixe, ou une séquence de mots non fléchis. Par exemple, le composé r japuru ルa ム («serviteur du roi») est la transformation de r jña ム [génitif] puru ルa ム par les règles successives: 1. attribution du nom «composé» au syntagme entier; 2. attribution du nom «thème nominal» à cette même forme en tant que composé; 3. amuissement des désinences internes (r jan puru ルa ); 4. amuissement du n final de r jan en composition; 5. apparition d’une nouvelle désinence selon la fonction du nouveau mot dans la phrase (r japuru ルa ム [nominatif]), etc.Le destin de la grammaire de P size=5 size=5ユiniL’importance de cette grammaire se mesure à son influence dans la culture sanskrite. Elle a d’abord été utilisée comme manuel pratique dans les écoles pendant plus de deux millénaires. Elle est encore en usage aujourd’hui. D’autre part, puisque P ユini définit une norme, il a pu, par son succès et son autorité, contribuer au phénomène de fixation du sanskrit. Ce dernier s’est, en effet, trouvé arrêté dans son évolution, par le souci de préservation des textes religieux, par son caractère de langue de culture, enseignée dans les écoles et utilisée à des fins littéraires dans toutes les régions de l’Inde et même en Extrême-Orient, et aussi par son caractère de langue diplomatique, de langue pratique d’échange dans le domaine d’influence indienne (un voyageur chinois apprenait le sanskrit pour aller visiter les lieux saints bouddhiques), ce qui imposait de maintenir une forme unique de la langue à travers l’espace et le temps. Or, ce phénomène de fixation s’est produit à l’époque de P ユini et sur le niveau de langue qu’il a décrit. De plus, étant donné que sa grammaire définit la compétence des formes et des structures, elle a pu elle-même contribuer à façonner certains caractères de la langue. Par exemple, la formation des composés est prescrite par P ユini sans limitation. Et la prolifération des composés est un trait caractéristique du sanskrit savant, alors que, dans les langues parlées dérivées du sanskrit, le composé est une formation en retrait.Le succès de P ユini et la complexité formelle de sa description ont déterminé une immense littérature de commentaires sur son œuvre. Cette littérature apporte peu d’informations grammaticales nouvelles, mais beaucoup sur les concepts linguistiques, les mécanismes de construction des mots, le modèle formel, etc. Elle met en évidence et poursuit l’effort rationnel, parfois extrêmement moderne, de P ユini. Et, de ce point de vue, l’influence du grammairien est aussi très grande. Sa démarche a servi de modèle tout au long de l’histoire de la pensée, de l’activité intellectuelle en Inde.• 1986; it. panino « petit pain »♦ Sandwich italien au pain blanc précuit, qui se mange grillé et chaud. Des panini (ou paninis) tomate-mozzarella. « Sur l'étalage des traiteurs, des panini formaient des pyramides » (J. Almira).panini [panini] n. m.ÉTYM. 1986; empr. à l'ital. panino « petit pain », au pluriel.❖♦ Sandwich italien au pain blanc, qui se mange grillé et chaud. || Des panini (ou paninis) tomate-mozzarella. || « Sur l'étalage des traiteurs, des panini formaient des pyramides » (Jacques Almira, la Fuite à Constantinople, p. 267).
Encyclopédie Universelle. 2012.